La quatrième séance de notre séminaire Actualité et Renouveau des Études Juives a eu lieu le mardi 19 novembre, de 18h30 à 20h30, en salle des Résistants, à l’École normale supérieure (45, rue d’Ulm).
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A l’occasion de cette quatrième séance, nous accueillerons le sociologue Danny Trom (CNRS/EHESS) et la docteure en philosophie Avishag Zafrani (Université Paris-Descartes) qui discuteront de l’existence d’une politique juive.
Antisémitisme, mémoire et théorie politique juives
La séance sera consacrée à l’ouvrage de Danny Trom Persévérance du fait juif. Une théorie politique de la survie dans lequel l’auteur interroge l’expérience politique juive en diaspora, à partir des commentaires du rouleau d’Esther. Ainsi, s’il est commun d’associer la vie en diaspora à une vie apolitique, le livre tend à démontrer que l’histoire et les commentaires qui l’accompagnent permettent, au contraire, de définir une forme de politique qui n’entre cependant pas dans les conceptions classiques de la philosophie politique.
Loin des élans idéologiques qui structurent le modèle de l’État-nation moderne, l’État-gardien que représente Israël à l’égard des juifs en diaspora rassemble la communauté politique autour d’une fonction minimale, celle de la protection. Alors que le modèle de l’État-nation est en crise, celui de l’État-gardien « offre un contrepoint critique aux impasses de l’État-nation, notamment dans le conflit géopolitique actuel. Il permet en effet, en tant que tradition légitimerais l’histoire du peuple juif, qui a fait jadis l’objet d’une politique effective, de sortir de la sacralité de la terre et de penser l’État comme une forme extérieure au peuple. » (David Zerbib, « Les raisons d’être d’Israël. Entretien avec Danny Trom. Le Monde, le 7 juillet 2018)

Avishag Zafrani est docteure en philosophie, chercheuse au centre de philosophie, d’épistémologie et de politique, PHILéPOL à l’Université Paris-Descartes. Sa thèse de doctorat Les défis du nihilisme. Ernst Bloch et Hans Jonas, publiée en 2014 aux éditions Hermann, consiste en une comparaison théorique de deux principes développés par des deux philosophes a priori opposés, le principe espérance et le principe responsabilité. Son travail permet d’envisager une nouvelle compréhension du concept de nihilisme. Récipiendaire de la bourse de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, elle poursuit désormais des recherches sur le concept d’antisémitisme métaphysique, ou intellectuel, soit une généalogie des justifications et légitimations parfois constituantes de l’antisémitisme dans l’histoire de la pensée, de la gnose antique à la période contemporaine. Elle a dernièrement co-dirigé avec Yves Charles Zarka La phénoménologie et la vie aux éditions du Cerf.

Danny Trom est chargé de recherches au CNRS. Ses recherches s’efforcent de contribuer à une sociologie de l’expérience politique. Il travaille à une approche sociologique de l’expérience des collectifs politiques modernes, en particulier de l’État, approche qui suppose de repenser l’articulation entre enquête sociologique et théorie politique. En juin 2018, Danny Trom publie l’ouvrage Persévérance du fait juif. Une théorie politique de la survie dans lequel il s’efforce d’identifier les fondements d’une théorie politique juive. Plus récemment, avec la parution de La France sans les juifs (PUF), il propose une réflexion sur la fuite peu étudiée de Français juifs vers Israël.

1. Elle dit alors : Si le roi le trouve bon et si j’ai trouvé grâce devant lui, si la chose paraît convenable au roi et si je suis agréable à ses yeux, qu’on écrive pour révoquer les lettres conçues par Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite, et écrites par lui dans le but de faire périr les Juifs qui sont dans toutes les provinces du roi.
2. Car comment pourrais-je voir le malheur qui atteindrait mon peuple, et comment pourrais-je voir la destruction de ma race ?
3. Le roi Assuérus dit à la reine Esther et au Juif Mardochée : Voici, j’ai donné à Esther la maison d’Haman, et il a été pendu au bois pour avoir étendu la main contre les Juifs.
4. Ecrivez donc en faveur des Juifs comme il vous plaira, au nom du roi, et scellez avec l’anneau du roi ; car une lettre écrite au nom du roi et scellée avec l’anneau du roi ne peut être révoquée. (…)
7. Par ces lettres, le roi donnait aux Juifs, en quelque ville qu’ils fussent, la permission de se rassembler et de défendre leur vie, de détruire, de tuer et de faire périr, avec leurs petits enfants et leurs femmes, tous ceux de chaque peuple et de chaque province qui prendraient les armes pour les attaquer, et de livrer leurs biens au pillage,
8. et cela en un seul jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le treizième du douzième mois, qui est le mois d’Adar. (…)
11. Mardochée sortit de chez le roi, avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande couronne d’or, et un manteau de byssus et de pourpre. La ville de Suse poussait des cris et se réjouissait.
12. Il n’y avait pour les Juifs que bonheur et joie, allégresse et gloire.
Extrait du chapitre 8 du Livre d’Esther
